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Libération

L'Iran retourne à la case ultra-radicale

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La victoire à la présidentielle de Mahmoud Ahmadinejad fait craindre une reprise en main des moeurs et une détérioration des relations diplomatiques.
publié le 27 juin 2005 à 2h44

Téhéran envoyé spécial

La police s'est invitée à la noce. Elle est entrée sans frapper samedi, vers 3 heures du matin, au moment où commençaient de tomber les premiers résultats laissant prévoir le triomphe de Mahmoud Ahmadinejad, le candidat ultraradical. Heureusement, la plupart des invités étaient déjà partis, les bouteilles d'alcool avaient été bues et la musique, que l'on entendait d'un bout à l'autre de la rue de ce quartier du nord de Téhéran, s'était assoupie depuis le départ du DJ. Les policiers ont aussitôt flairé les verres, regardé les filles qui avaient vite passé un foulard, et menacé d'embarquer tout le monde. Puis, la négociation a commencé jusqu'à ce que le jeune marié fasse une offre de 100 euros. Affaire conclue. Les policiers ont empoché l'argent et sont repartis. Commentaire de Shirin, l'une des invitées. «Cela faisait des mois que l'on n'avait pas entendu parler d'une descente de police dans une soirée à Téhéran. Comme par hasard, cela tombe au moment où l'on apprend la victoire de Ahmadinejad.»

Si les milieux d'affaire s'inquiètent d'une détérioration du climat économique, si la mouvance réformiste s'alarme de possibles restrictions des libertés, si les diplomates à Téhéran redoutent une surenchère dans le nucléaire, la jeunesse des beaux quartiers et d'une partie de la classe moyenne craint, elle, que la relative libéralisation des moeurs, dont elle a profité pendant les deux mandats de Mohammed Khatami, soit remise en cause par la victoire de Ahmadinej