Pour ses adversaires, c'est un maître chanteur. Lui aimerait se décrire comme un actionnaire floué, cherchant à récupérer son dû. Hughes de Lasteyrie du Saillant est le principal accusateur de l'affaire Rhodia, bataillant contre les «responsables de la déconfiture du groupe chimique». Depuis la mort de son allié Edouard Stern, assassiné par sa maîtresse, il se retrouve pratiquement seul, avec, en face de lui, une bonne partie de l'establishment politico-financier parisien : de Jean-François Dehecq, PDG de Sanofi-Aventis, à Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi, en passant par Thierry Breton. Cela ne lui fait pas peur, même s'il affirme se sentir menacé. Il dit ainsi avoir la conviction que son téléphone est sur écoute.
Noble. Rien ne prédestinait cet homme de 56 ans à se comporter comme l'ennemi public n° 1 des grands patrons. Le comte de Lasteyrie est issu d'une vieille famille nobiliaire de serviteurs de l'Etat son grand-père a été ministre des Finances dans les années 20, lié aux familles Giscard d'Estaing et Chodron de Courcelle (Bernadette Chirac est sa lointaine cousine). Diplômé de Sciences-Po, il débute sa carrière dans la banque d'affaires, à la BNP puis chez Louis-Dreyfus. A partir des années 90, il s'exile à Bruxelles pour raisons fiscales et devient un financier à l'affût des bonnes affaires de la cote parisienne. Sa méthode ? Il s'invite dans le capital d'entreprises sous-évaluées, fait pression sur les dirigeants pour qu'ils venden