C'était dimanche, sur LCI : Thierry Breton arguait de son passé de chef d'entreprise pour justifier le contrat nouvelle embauche. Un exercice dont il est coutumier depuis son arrivée à Bercy. Mais chez Rhodia, dont il a été administrateur entre 1998 et 2002, son passage semble moins glorieux. Président du comité d'audit, et donc censé «vérifier les rapports financiers périodiques» et veiller «à ce que tous les moyens soient mis en oeuvre pour prévenir et maîtriser les risques», il a approuvé les achats dispendieux qui ont ruiné le groupe chimique et a laissé faire des montages litigieux.
Société écran. Exemple avec l'opération Albright & Wilson (A & W) pour qui, selon les enquêteurs de l'Autorité des marchés financiers (le gendarme de la Bourse à Paris), Rhodia a «délivré au marché une information inexacte» sur ses «conditions d'acquisition». En 1999, Rhodia veut racheter ce concurrent britannique. Mais il doit composer avec sa maison mère, Rhône-Poulenc, qui s'apprête à se désengager de Rhodia et craint qu'une telle opération ne fasse grimper son endettement. Pour ne pas avoir à comptabiliser A & W dans ses comptes, Rhodia recourt à une société écran autrichienne appelée Donau Chemie, qui lance l'OPA sur A & W, avec un prêt garanti par Rhodia. Et le groupe chimique dispose d'une option (un «call») pour racheter plus tard A & W. Ce qu'il fera effectivement en mars 2000, une fois Rhône-Poulenc désengagé.
Mais tout ne s'est pas passé dans les règles. Alors que Rhodia s'était eng