Menu
Libération
Éditorial

Aspirations

Article réservé aux abonnés
publié le 29 juin 2005 à 2h46

Le joyeux mélange des jeunes Européens à l'enseigne de «l'auberge espagnole» ne fait pas forcément un parti homogène de l'espérance communautaire. Mais à l'aune de l'euroscepticisme montant, les 18-30 ans français ne font pas figure de génération perdue pour l'Europe. Certes, ils ont voté majoritairement non au Traité constitutionnel, comme le rappelle notre sondage Louis-Harris, mais ils se sont plus prononcés en réaction à leur situation présente que par refus d'un avenir européen. L'attente forte d'une Europe plus sociale est d'abord le signe d'une déception encore plus forte vis-à-vis d'une France moins sociale qu'elle ne devrait, du moins telle que souvent ils y vivent entre stages et ANPE. Mais ils continuent d'être favorables à la construction de l'Europe, à son élargissement, à un budget conséquent. On n'en dira pas autant des jeunes Néerlandais, qui se distinguent de leurs aînés par un repli identitaire encore plus prononcé ­ la question de «l'Europe sociale» leur étant pour le coup étrangère. La jeunesse polonaise aurait tendance, elle, à lorgner vers un Royaume-Uni blairiste, réputé plus accueillant (et pas seulement aux plombiers), quant à la jeunesse allemande, c'est sur elle-même qu'elle aurait tendance à se recroqueviller, du moins pour sa partie la moins diplômée, entre un éveil nationaliste et une angoisse sociale qui libère quelques sombres remugles du passé.

S'il y a lieu d'être inquiet aujourd'hui, même si rien n'est jamais écrit d'avance, c'est sans doute