Le joyeux mélange des jeunes Européens à l'enseigne de «l'auberge espagnole» ne fait pas forcément un parti homogène de l'espérance communautaire. Mais à l'aune de l'euroscepticisme montant, les 18-30 ans français ne font pas figure de génération perdue pour l'Europe. Certes, ils ont voté majoritairement non au Traité constitutionnel, comme le rappelle notre sondage Louis-Harris, mais ils se sont plus prononcés en réaction à leur situation présente que par refus d'un avenir européen. L'attente forte d'une Europe plus sociale est d'abord le signe d'une déception encore plus forte vis-à-vis d'une France moins sociale qu'elle ne devrait, du moins telle que souvent ils y vivent entre stages et ANPE. Mais ils continuent d'être favorables à la construction de l'Europe, à son élargissement, à un budget conséquent. On n'en dira pas autant des jeunes Néerlandais, qui se distinguent de leurs aînés par un repli identitaire encore plus prononcé la question de «l'Europe sociale» leur étant pour le coup étrangère. La jeunesse polonaise aurait tendance, elle, à lorgner vers un Royaume-Uni blairiste, réputé plus accueillant (et pas seulement aux plombiers), quant à la jeunesse allemande, c'est sur elle-même qu'elle aurait tendance à se recroqueviller, du moins pour sa partie la moins diplômée, entre un éveil nationaliste et une angoisse sociale qui libère quelques sombres remugles du passé.
S'il y a lieu d'être inquiet aujourd'hui, même si rien n'est jamais écrit d'avance, c'est sans doute