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Libération

Un essai scientifique, pas un réacteur industriel

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Iter ne réalisera la fusion de noyaux d'hydrogène qu'à titre expérimental.
publié le 29 juin 2005 à 2h46

Vingt ans après avoir été proposé par Gorbatchev à Reagan, l'International Thermonuclear Experimental Reactor (Iter) va donc voir le jour. La durée même de cette difficile gestation en éclaire les véritables ambitions comme les limites. La raison d'être de cette machine n'a pas varié : ouvrir la voie à l'utilisation d'une forme d'énergie, la fusion de noyaux d'hydrogène, jusqu'alors circonscrite à un usage militaire dans des bombes thermonucléaires capables de raser une vaste agglomération. Le principe physique, en copiant le réacteur qui fait briller les étoiles, séduira ceux qu'inquiète la fin inéluctable des combustibles fossiles (charbon, gaz et pétrole) comme l'effet climatique de leur usage massif. La possibilité théorique de ressources sans limites et d'une technologie relativement «propre» peut justifier bien des enthousiasmes. Mais la difficulté de l'affaire, en vingt ans, n'a pas diminué : les verrous technologiques, qui s'opposent à la domestication de la fusion, expliquent l'origine 100 % publique des fonds investis, comme l'unicité mondiale d'Iter. Aucune compagnie d'électricité au tour de table. Aucun Etat disposé à financer seul un projet dont le succès, incertain, ne se transformera pas en avantage concurrentiel. Si le principe de la fusion fut découvert il y a plus de cinquante ans, sa mise en pratique s'est jusqu'à présent heurtée aux limites posées par la technologie. Et Iter, même en cas de succès, sera très loin d'un réacteur opérationnel. Le choix de Ca