Menu
Libération

Quand Paris perd, la déprime gagne

Article réservé aux abonnés
«Pourquoi on ne nous aime pas?» C'était la question que se posaient beaucoup de Français, hier, après la désignation de Londres pour les Jeux 2012.
publié le 7 juillet 2005 à 2h54

«Oh ! Putain, c'est Londres!» L'homme en costume gris avait entonné la Marseillaise. Il a ravalé ses notes. Sur les Champs-Elysées, devant le drugstore Publicis tout auréolé de «Paris 2012», tout le monde y croyait. Hier à l'annonce des résultats, on entend des mots comme «dégoût» ou «tristesse», et pas mal de «fait chier !». Une brochette de copines proches de la trentaine se lamentent. «L'élan national ?» «Tué dans l'oeuf.» Le «projet constructeur» qui «transcende tous les clivages» au moment où les gens ne «font que se plaindre» ? Envolé. Alors, maintenant, elles ont «envie d'aller se coucher». Dans la candidature de Paris, c'était d'abord une «bonne nouvelle dans un océan de morosité» que les supporters espéraient. La «défaite» vient donner le «coup de grâce» aux Français, nombreux à épiloguer hier sur cette «France qui perd».

La décision de Singapour a d'abord déclenché un réflexe xénophobe. Les propos aigres fusent place de l'Hôtel-de-Ville, à Paris, où 10 000 personnes s'étaient réunies à l'heure de l'annonce. Jacques, sexagénaire aux yeux humides, lâche le leitmotiv des instants à venir : «C'est encore avec les Anglais, ça continue.» Des ultras du PSG allument un fumigène et se mettent à entonner des insanités sur le Premier ministre britannique, puis sur les mères anglaises, enfin sur les conditions de décision. «Ça sent la magouille», chantent les supporters, repris par une foule certaine. Un sentiment partagé par Eric, 26 ans : «Comme d'habitude, ça s'est joué en c