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Libération

«Pourquoi c'est toujours les immeubles de Noirs qui brûlent ?»

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Dans le quartier, les habitants sont partagés entre tristesse et colère.
publié le 27 août 2005 à 3h26

Khadija est rentrée jeudi soir d'Algérie, après trois jours de voyage, heureuse de retrouver le collège, le quartier, la France. A 4 heures du matin, le téléphone a réveillé toute la famille. ça brûlait chez Bintou, son amie, et si ça brûlait chez Bintou, ça brûlait chez les amis de ses petits frères, chez les «Africains» qui fréquentent l'école des rues Balanchine et Dunois, le collège Thomas-Mann. Dès les premières heures du matin, les voisins, copains et copines de classe, mères des copains, les instituteurs, des anciens voisins se sont massés en face de l'immeuble, faisant le décompte des disparus, informant les nouveaux arrivés. «Les petits S. sont tous morts, avec la mère. Le père était sorti.» La famille de Bintou n'a rien. Les petits jumeaux connus de tous sont morts. Dans la famille D., l'aînée, Niamé, serait au Mali, ils en sont sûrs, les autres auraient péri. «Le tout petit s'est jeté de la fenêtre.» «Et Abdoulaye ? Il est où Abdoulaye ?» crie une adolescente. Elle s'appelle Jona, d'origine guinéenne, habite avec sa famille dans un HLM de l'autre côté du boulevard. «Chez moi c'est grand, c'est beau et c'est moins cher que chez Abdoulaye.» Ils sont tous allés à l'école ensemble, «depuis la première année de maternelle», précise Julie, 16 ans. «La France elle a merdé, c'est un crime. Pourquoi le feu prend toujours dans des immeubles de noirs ?»

«Papa va mourir». Monsieur Jammeh, un Gambien d'une soixantaine d'années dont toute la famille est sauve (il a quinze enfant