Il y a comme un parfum entêtant d'années 70 aujourd'hui à gauche. Ça se renifle du côté de ceux qui réécrivent le «programme commun» de 1972 où l'Etat pouvait tout faire, les gouvernants devaient tout oser et l'économie du monde se plier aux recettes du «socialisme à la française». Ça se respire chez ceux qui, de Charles Piaget en José Bové, n'en finissent pas de remettre en chantier la candidature de l'homme providentiel qui portera le grand élan populaire majoritaire bridé par les partis. Ça se sent enfin très fort au PS, où resurgit le débat d'avant 1981: ne doit-on pas seulement promettre que ce que l'on est capable de tenir si l'on veut éviter les déceptions terribles? Ou bien doit-on tout laisser espérer pour mieux s'approprier un pouvoir dont il sera toujours temps ensuite de faire usage?
François Mitterrand, qui gagna en 1981 pour «changer la vie» et l'emporta en 1988 pour que la vie ne change pas trop, revient comme maître à penser, ou plutôt comme maître d'armes de quelques-uns des acteurs socialistes en vue. C'est Laurent Fabius qui décalque sur la gauche de la gauche d'aujourd'hui le piège que Mitterrand tendit au PCF: embrasser pour mieux étouffer, avec cette fois le «non de gauche» à la Constitution en guise d'union de la gauche. Mais c'est aussi François Hollande qui a retenu de Mitterrand que la politique c'est aussi du judo où l'on peut faire d'une faiblesse (le résultat du référendum) une force (son retrait de la course présidentielle). Le voilà dans la posi