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Libération
Éditorial

Polissage

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publié le 2 septembre 2005 à 3h30

Puisque la politique avance toujours au fil des batailles de couples, il n'est pas insignifiant que le duel Sarkozy-Villepin ait pris le pas cet été sur la joute Chirac-Sarkozy. La substitution signe la relative réussite du nouvel occupant au terme de ses bientôt cent jours. S'il n'est pas encore un présidentiable d'évidence, au moins est-il devenu le seul concurrent crédible à droite de Sarkozy. L'été aura bien été pourri pour le ministre de l'Intérieur, obligé d'assister à cette montée en puissance et au spectacle de son couple brisé. Puisque la rivalité est installée, il reste vingt mois à Villepin pour s'imposer. Si cela l'amène à redoubler d'imagination pour se démarquer du libéralisme du président de l'UMP, le «modèle social» français n'y perdra peut-être pas. Mais pour l'heure la démarcation n'est qu'affaire de nuance. Le Premier ministre veut imposer son style, mais il est surtout préoccupé d'emprunter au locataire de la place Beauvau pour mieux l'étouffer. Tant sur la forme, la conférence de presse, que sur le fond, la réforme fiscale. Villepin fait du Sarkozy, la brutalité en moins. Il contourne l'ISF pour mieux revenir dessus. Il polit son langage quand Sarkozy «parle vrai» : il ne dit pas «il faut redonner aux Français le goût du travail» mais «il faut une réelle incitation financière à la reprise d'une activité» ; le Français n'est plus paresseux mais «responsable»: il y gagne en considération. Villepin a retenu du mythe gaulliste sa part de «social». Il abuse d