On attendait Villepin, on a eu Sarkozy. Après trois incendies meurtriers près de cinquante morts, dont presque la moitié d'enfants dans des logements insalubres de la capitale, on était en droit d'espérer du Premier ministre un plan d'urgence enfin crédible pour lutter contre les taudis. On a abouti à des expulsions musclées de familles avec enfants le jour de la rentrée scolaire sans que n'ait été prévu pour elles le moindre relogement. La méthode est aussi expéditive qu'absurde : pour protéger ces gens du feu, rien de tel que de les mettre à la rue. Mais c'est la réponse du gouvernement à la crise grave, incendiaire, que connaît le logement social dans ce pays : brutaliser des populations déjà traumatisées par les drames de l'été. Pourquoi chasser ces squatteurs précisément, alors même qu'expertises et concertations étaient en cours ? Pourquoi cet acharnement arbitraire, alors que seule une politique commune de tous les acteurs institutionnels et sociaux devrait prévaloir en la matière ? Est-ce le prix à payer d'une volonté ministérielle de jouer les gros bras et de rappeler qui commande vraiment ? Est-ce du double langage, propos lénifiants d'un côté, nettoyage au Karcher de l'autre ? Tout cela rappelle un jour de 1996 quand un autre ministre de l'Intérieur, Jean-Louis Debré, vidait manu militari des sans-papiers d'une église parisienne après avoir promis de les traiter «avec humanité et coeur». Affligeant remake qui révèle à nouveau l'indifférence quasi générale vis-
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