La Nouvelle-Orléans envoyé spécial
Dans le ciel de La Nouvelle-Orléans, une gigantesque fumée s'échappe d'un réservoir de produits chimiques. Des hélicoptères bourdonnent. Les rues sont désertes, jonchées de débris, de branches, de briques, d'ordures. Des maisons sont éventrées, des hôtels mis à sac. A l'angle des rues St Peters et Julia, devant l'hôtel Embassy Suites, des policiers enfilent leurs gilets pare-balles et sortent leurs fusils d'assaut : «Dégagez de là, il y a un homme armé là-dedans», hurlent-ils. The «Big Easy», surnom de la ville, vivait vendredi sa cinquième journée de chaos.
Le Superdome, grand stade de football où s'étaient réfugiées 35 000 personnes, est en voie d'évacuation. Mais dans la gradation du cauchemar, le pire du pire a pour théâtre le Ernest M. Morial Convention Center, non loin de l'aquarium. Là, quelque 20 000 personnes sont entassées dans des conditions inimaginables. Elles ont posé des pans de moquette dans le hall et sur les trottoirs. Entourées d'ordures, elles attendent les bus qu'on leur a promis et qui ne viennent pas. La police n'est pas loin, elle a ordre de ne pas intervenir. Les damnés du Convention Center sont laissés à leur sort, comme des pestiférés, comme des animaux. Personne ne vient leur parler, à part la presse. De la nourriture et de l'eau sont jetées depuis des hélicoptères, sur le parking voisin (les pilotes refusent de se poser). Ou alors, depuis le pont, non loin de là. Sur le trottoir, on croise des malades, des infirme