Il faut faire payer les riches ! Quand c'est le propre ministre des Finances d'un gouvernement conservateur, par ailleurs ex-PDG du CAC, qui le dit, il faut croire que c'est parce qu'il ne peut pas faire autrement. Ou qu'il est devenu fou. Hélas, Thierry Breton est plus modeste : il se contente d'inciter les compagnies pétrolières à se montrer compréhensives avec le gouvernement et les ennuis que lui cause la flambée des prix des produits pétroliers. Et il sait aussi se faire entendre : Total et BP n'ont pas tardé à baisser leurs prix. Quel grand ministre nous avons !
Tous les gouvernements de la planète se dépatouillent comme ils peuvent de la mauvaise humeur de leurs concitoyens de retour de la station-service. Villepin a refusé de rogner les taxes et impôts qui constituent une bonne partie du prix payé par les consommateurs. C'était une sage décision : contrairement à la rumeur, il n'existe pas de cagnotte fiscale créée par la hausse de l'essence. Ce n'est d'ailleurs pas le moment d'inciter à brûler du carburant : c'est aussi mauvais pour la balance commerciale, en bien piteux état, que pour l'atmosphère. Mais la grogne et les grognons s'en fichent, d'où la manoeuvre de Breton... qui présente pourtant les mêmes inconvénients.
Il faudra donc surveiller ce qu'il obtiendra réellement des pétroliers qu'il a convoqués dans son bureau la semaine prochaine. Ceux-ci peuvent sans doute serrer le taux de marge qu'ils appliquent à leur prix de revient (la baisse de vendredi reflétant