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Libération

Les milliards de la Poste dans l'escarcelle de Koizumi

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Le Premier ministre entend privatiser la richissime institution financière afin de redynamiser l'économie.
publié le 10 septembre 2005 à 3h38

Tokyo de notre correspondant

Il est 20 h 45. Au deuxième étage de la grande poste centrale du quartier de Shibuya, à Tokyo, une interminable queue, silencieuse et disciplinée, s'est formée face aux deux guichets encore ouverts. Il en est ainsi chaque soir. Les postiers nippons, unis dans leur sérieux et leur tenue vestimentaire, ne connaissent pas les 35 heures. Eux sont abonnés aux horaires à rallonge. Ils ne fermeront les guichets que quand plus personne ne s'y présentera. Et encore ! Ce n'est pas sûr. En coulisses, les postes centrales fonctionnent 24 heures sur 24, et même le dimanche. Dans cette poste aux escalators huilés, au sol brillant et à l'air conditionné et désodorisé, les derniers clients pressés accourent pour un dernier envoi urgent. Rite quasi quotidien. Même épuisé, le postier garantit l'accueil d'un sourire poli.

Cassée en quatre. Tout se passe comme si la Poste japonaise, menacée de privatisation depuis des années, allait très bien. En fait, c'est là son problème : elle va trop bien. Première institution financière du monde, c'est un mastodonte dont les réserves (d'épargne et assurance vie) atteignent 350 000 milliards de yens (2 550 milliards d'euros.). Ce magot ­ 30 % du total de l'épargne japonaise ­ est égal au dépôt total des quatre premiers cartels bancaire nippons, y compris inclus le numéro 1 Tokyo-Mitsubishi.

Ex-ministre des Postes et des Télécommunications, le Premier ministre Junichiro Koizumi a un même rêve depuis vingt ans : privatiser la Poste.