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Libération
Analyse

Un pays traversé par le néonationalisme

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Les politiques exploitent le passé impérialiste au risque d'irriter la Chine et la Corée.
publié le 10 septembre 2005 à 3h38

Tokyo de notre correspondant

Majestueux et massif, le sanctuaire de Yasukuni, littéralement le temple «du pays apaisé», se dresse en plein Tokyo, au milieu d'arbres centenaires. Dans une atmosphère étonnante, et comme chaque 15 août, jour anniversaire de la défaite de l'empire du Soleil-Levant (15 août 1945), des Japonais de tous horizons accourent vers ce sanctuaire shintoïste (religion animiste qui se traduit par l'exaltation de l'empereur et de la nation) afin de vénérer le souvenir d'un parent ou d'un proche «mort pour la Patrie» dans les années 30 et 40. Des hordes d'anciens combattants déambulent sur le gravier vers telle ou telle cérémonie aux morts. Près des hommes en noir des gangs d'extrême droite qui se recueillent par endroits, ces anciens combattants font figure de colombes de la paix. Illusion : leur uniforme beige ou blanc est celui qu'ils portaient dans l'armée impériale. D'un air joyeux et candide, certains agitent le drapeau symbole de l'ex-Japon impérial et impérialiste.

Habits traditionnels. 3,1 millions de Japonais sont morts durant la Seconde Guerre mondiale, et les cendres de 2,5 millions d'entre eux reposent à Yasukuni. Si le lieu attise tant de rancoeurs en Asie, c'est parce que parmi elles se trouvent celles de 14 criminels de guerre, dont le général Hideki Tojo, artisan des guerres d'agression et d'occupation, exécuté après la reddition nippone. Le sanctuaire serait moins décrié si, comme ses prédécesseurs, le Premier ministre japonais, Junichiro Koi