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Libération
Éditorial

Elégie.

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publié le 13 septembre 2005 à 3h39

La peine de prison infligée à un artiste reconnu coupable d'un crime n'annule pas son oeuvre. C'est pourquoi la sortie, accompagnée de l'inévitable déferlement de publicité, d'un nouveau CD de Noir Désir est un événement qui devrait, autant que faire se peut, relever du strict domaine de l'industrie musicale. Ce ne sera sans doute pas le cas. Le groupe phare du rock français a défrayé, malgré lui, la chronique il y a deux ans en raison du drame humain qui a fait de Bertrand Cantat, son chanteur, un détenu purgeant, après procès, une peine de huit ans de prison, pour avoir tué sa compagne, Marie Trintignant.

Il s'en trouvera peut-être pour s'indigner qu'un détenu puisse «profiter», y compris matériellement, de sa célébrité du fond

de sa prison. On a connu des tentatives de loi pour l'empêcher. Mais depuis le marquis de Sade (au moins), on sait que détention n'est pas antinomique de création. Et de nombreux exemples, dans tous les domaines de l'art et de la littérature, prouvent que la qualité d'une oeuvre ne dépend pas de celle, humaine et faillible, de son auteur.

Depuis le drame de Vilnius, le groupe, et sa maison de disques, avait gardé un silence radio quasi total, qui témoignait de leur refus d'exploiter la notoriété (mal) acquise à l'été 2003. Laquelle, d'ailleurs, ne doit rien au drame lui-même, tant Noir Désir trônait au firmament de la scène rock française avant que son chanteur-étoile ne s'abîme, entraînant les siens, dans le vide des faits divers. Le disque-DVD propos