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Libération
Éditorial

Grand écart

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publié le 13 septembre 2005 à 3h39

Le référendum européen a consacré la puissance des forces centrifuges dans la vie politique française, tant à droite (plus ou moins extrême) qu'à gauche (dont l'extrême). Mais la présidentielle se gagnera, comme les précédentes, au centre, c'est-à-dire en additionnant aux voix de son camp (à condition de ne pas les perdre en route) celles de l'entre-deux qui peuvent basculer. D'où, en corollaire de la puissance des extrêmes, une inévitable pulsion centripète chez certains impétrants. Ces mouvements opposés ne peuvent que se heurter violemment. Les divisions de la droite reproduisent en miroir celles de la gauche. PS ou UMP se livrent à une guerre civile aux positionnements identiques, la «droite de droite» de Sarkozy répondant à la tactique gauchisante des nonistes socialistes.

La France n'est pas coupée en deux mais en quatre, et chaque quart est divisé en deux pôles (au moins). ça fait huit figures de base, neuf avec Bayrou au milieu de tous et de nulle part. Au premier tour, tous ont leur place mais il n'en restera que deux au suivant et le gagnant sera celui qui réussira le mieux sa chorégraphie du grand écart. Celle-ci ne va pas sans risques, comme Laurent Fabius l'a appris à ses dépens à la Fête de l'Humanité. Villepin, lui, s'essaie à danser selon les recettes de son maître de ballet, Chirac. Mais les lanceurs d'oeufs ne manquent pas non plus à l'UMP, dont les sympathisants lui préfèrent de très loin son rival Sarkozy, comme notre sondage en témoigne. Mais il montre au