D'ordinaire, la commercialisation d'un album enregistré en public ne suscite aucun émoi ni commentaire particulier. Il scelle la plupart du temps une tournée, permet aux artistes concernés de prolonger l'actualité et d'empocher un chèque supplémentaire, comme à la maison de disques, de faire tourner la boutique.
Incandescence. Le cas du jour, amplifié, déformé, reconsidéré à l'aune de l'actualité désastreuse qui a fait couler tant d'encre, de larmes, de fiel et de salive en 2003, dépasse qu'on le veuille ou non le champ de perception critique usuel. Les musiciens de Noir Désir, qui ont choisi de sortir En public défendent l'idée, «au-delà de l'incompréhensible tragédie, d'une histoire de groupe, écrite de manière juste et belle, nourrie de rencontres humaines, artistiques et citoyennes». Du reste, En public rend compte de l'incandescence à laquelle le groupe et son chanteur dont on a mentionné mille fois la dimension charismatique portaient ses spectacles.
Le double album propose 24 titres rock (habités, fébriles, lestes, chamaniques, térébrants...), où les notions de grandiloquence et de panache fusionnent dans ce que certains profanes mal intentionnés (ou juste ignorants) auront tôt fait d'interpréter comme une forme d'exaltation tristement prémonitoire. Au lieu de quoi, Noir Désir se situe juste à cette époque à son apogée.
Artistiquement d'abord : l'album Des visages des figures, publié en 2001 et lancé par l'air entêtant le Vent nous portera, a marqué une évolution sig