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Libération

A Kaboul, au coeur d'un vote éclaté

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Un ex-ministre, une intellectuelle, un islamiste, une féministe,... Les candidats, disparates, sont à l'image d'une société afghane précaire, marquée par la religion et la corruption.
publié le 16 septembre 2005 à 3h42

Kaboul envoyé spécial.

Des 408 candidats qui se disputent les 33 sièges de Kaboul à la future Assemblée nationale, Ramazan Bashardost, 44 ans, est le plus atypique. Et celui qui risque d'avoir un des meilleurs résultats. Dans un pays rongé par la corruption, il joue les imprécateurs, tirant à boulets rouges sur le pouvoir, les seigneurs de guerre mais aussi la communauté internationale. Il y a un an, il était encore ministre du Plan dans le gouvernement du président Karzaï. Il a été contraint au départ pour avoir déclaré la guerre aux 2 350 ONG qui opèrent en Afghanistan . Il veut en chasser plus des trois quarts ­ 1 935 exactement ­, ce qui lui a attiré les foudres du Président. «Ce ne sont pas des ONG ! Ce sont des terroristes économiques, qui vivent dans le luxe et font un travail catastrophique», affirme-t-il d'une voix douce, dans un français parfait.

Contre les ONG. Volontiers populiste, Bashardost a installé son quartier général sous une grande tente jaunâtre dans un parc du centre-ville. Là, il reçoit, argumente, déjeune frugalement de pain, quelques patates et une tasse de thé ­ l'ordinaire des Afghans. Autour de lui, ce chiite hazara (la communauté la plus méprisée d'Afghanistan) a rassemblé des hommes de tous partis, ethnies et générations. Dans les rues, son message anti-ONG, anti-ONU et anticorruption passe bien. Un peu partout, il est reconnu, salué. «Ces ONG sont un Etat dans l'Etat. C'est la première fois qu'on donne aux ONG et à l'ONU un tel rôle dans la recon