Et ceux qui réussissent, comment ont-ils fait ? Cette question qui prend le contre-pied de l'approche habituelle est au coeur du livre que publie le sociologue Smaïn Laacher. L'Institution scolaire et ses miracles (la Dispute, 2005) part d'exemples d'enfants issus de l'immigration pour lesquels l'école a su jouer son rôle d'«ascenseur social».
La famille semble avoir une fonction primordiale dans la réussite scolaire...
C'est une condition sine qua non ; encore faut-il préciser en quoi. Les jeunes dont j'ai exploré le parcours ont des parents qui ne sont pas entièrement démunis. Ils travaillent ou ont travaillé, ont tissé un lien avec le collectif via les syndicats ou les partis même sans y appartenir. Ce sont aussi des familles qui vivent sous l'emprise de convictions morales fortes, qui savent que l'école est fondamentale, que c'est tout ce qui reste quand on n'a rien. Ce sont enfin des familles où il existe un récit de l'histoire de la famille. Ces jeunes ne viennent pas de nulle part et le savent.
Et pour ceux qui n'ont pas cette «chance» ?
C'est beaucoup plus dur. Il faut que l'école en particulier et les institutions en général incarnent tous les rôles : le père, la famille, la morale, etc. C'est très long et très dur car plus le parcours scolaire avance, plus son fonctionnement et ses ressorts secrets deviennent obscurs, lointains.
Comment ces jeunes ont-ils pris conscience de la nécessité de se soumettre au moule de l'école ?
Il n'y a pas un instant «déclic», mais une sé