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Libération
Éditorial

Dangers

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publié le 16 septembre 2005 à 3h42

La démocratie ne se décrète pas, elle se construit. Lentement, surtout quand on prétend l'implanter dans un pays patriarcal, guerrier, misérable et arriéré de tous points de vue. Qui, de surcroît, ne jouit d'un semblant de paix que depuis moins de quatre ans, après des décennies de guerres. Un battement d'oeil au regard de l'Histoire, pour passer de la loi des armes aux armes de la loi.

L'Afghanistan reste en guerre. Les talibans, islamistes intégristes, terrorisent une partie du pays. Les forces américaines, qui les combattent, ont subi cette année leurs pertes les plus lourdes depuis 2001. Le régime Karzaï dépend des troupes étrangères, et de l'aide internationale. Il achète sa stabilité en tolérant la culture du pavot, qui assure 60 % du PNB, le pouvoir des chefs de tribu et seigneurs de guerre (parfois narcotrafiquants) et une corruption générale.

La «démocratie afghane» n'aura pas grand-chose à voir avec ce qu'on entend d'ordinaire par ce mot. Mais il ne faut pas nier les vertus de l'exercice électoral. Il change le statut des femmes, donne l'occasion à 12 millions d'électeurs et d'électrices de défier les talibans, et de faire entendre leur voix comme jamais dans leur histoire.

Le vrai danger est que les Occidentaux trop pressés, ou découragés, concluant à la victoire de la démocratie à Kaboul, envisagent un retrait précipité. On voit la tentation à l'oeuvre dans le débat qui oppose les Etats-Unis à leurs alliés de l'Otan, auxquels ils aimeraient passer une partie du fard