Témérité ou inconscience ? En déclarant à la rentrée qu'il allait rouvrir le chantier des zones d'éducation prioritaire (ZEP), Gilles de Robien, le ministre de l'Education nationale, risque fort de décevoir. Car, vingt-quatre ans après leur création, les ZEP apparaissent de plus en plus comme un énorme ratage en termes de politique publique. Une étude publiée aujourd'hui par l'Insee dans sa revue Economie et statistique (1) confirme brutalement plusieurs évaluations récentes : si le niveau des élèves de ZEP reste nettement inférieur à celui des autres élèves, ce n'est peut-être pas seulement en raison de la structure sociologique de ces zones, mais aussi parce que l'Etat n'a accordé qu'une priorité relative à ces zones. Voici les quatre défis qui attendent Robien.
1 Le leurre des moyens supplémentaires
Quand elles sont créées par Alain Savary, dès juillet 1981, les ZEP promettent de «donner plus à ceux qui ont moins». L'époque est ambitieuse : les ZEP sont censées durer quatre ans, juste le temps pour les 363 zones identifiées à la rentrée 1982 de rattraper leur retard. Vingt-trois ans plus tard, le bilan est sans appel : l'Etat n'a pas mis le paquet. Le surcoût de masse salariale des enseignants n'est ainsi que de 8 % par élève en ZEP. Ces enseignants étant en moyenne beaucoup plus jeune que la moyenne donc moins bien payés l'Insee estime que «les salaires moins élevés de ces professeurs compensent probablement, en partie, le surcoût des ZEP résultant des postes supplémen