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Interview

«Le terme d'évaluation ne convient pas à une analyse»

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Santé. Frédéric Bieth, psychanalyste, explique pourquoi sa discipline échappe au critère de l'efficacité:
publié le 17 septembre 2005 à 3h43
(mis à jour le 17 septembre 2005 à 3h43)

Frédéric Bieth, 35 ans, philosophe de formation, est un psychanalyste membre des Cartels constituants de l'analyse freudienne de Paris.

Alors Freud, menteur, escroc, cocaïnomane, etc. Comment réagissez-vous ?

J'ai davantage une réaction de philosophe. Avec Freud, on n'est pas dans le cas d'une théorie qui vérifie une pratique. On est dans une pratique qui construit chaque jour une théorie. Aussi, le qualifier de menteur, de traître, ce n'est rien d'autre que n'avoir pas compris comment fonctionne le travail scientifique. Cela montre également à quel point il est nécessaire de se décaler dans la lecture de Freud. Du moins de se décaler d'une étude pleinement érudite qui n'aurait pas d'autre portée que le mot à mot.

En même temps, il est nécessaire de comprendre que c'est la pratique, la clinique, qui est centrale dans la psychanalyse. Freud a travaillé avec des patients, il a construit peu à peu une théorie, il a écrit pour tenter de sortir d'impasses. Ses écrits ont cette fonction, celle d'avancer, faire travailler l'inconscient. On n'est nullement dans quelque chose de figé et de dogmatique. Lorsque je lis Freud, je ne recherche pas une théorie ou une référence idéologique. Mais je note à quel point l'écriture des cas cliniques freudiens est une invention à laquelle ma pratique donne corps autant qu'elle continue de la construire.

C'est-à-dire...

Dans l'analyse, j'ai affaire à un être humain, qui, dans sa singularité, exprime quelque chose d'u