Au-delà de cette singulière élection allemande où les gagnants font grise mine et les perdants contre mauvaise fortune bon coeur, c'est l'Europe qui en ressort encore plus indécise. Avec un Jacques Chirac décrédibilisé depuis le référendum, une Angela Merkel dévalorisée par le score moins élevé que prévu de son parti, le couple franco-allemand devrait plus faire pitié qu'envie. Gerhard Schröder, par aventure maintenu à son poste, n'y changerait rien. Cette situation devrait perdurer jusqu'en 2007 pour cause de présidentielle française et sans doute en raison des inévitables nouvelles législatives qui se profilent autour de cette échéance en Allemagne.
Car en s'engageant dans le processus d'une «grande coalition», la chancelière n'y trouvera pas beaucoup plus de marges de manoeuvres que n'en avait Schröder, obligé depuis 2002 à passer des compromis avec un Bundesrat politiquement hostile. Ce n'est pas forcément un avantage pour ce pays où la confusion des rôles entre majorité et opposition, comme ailleurs, ne peut qu'alimenter les extrémismes de tous poils, même si l'on a abusivement prétendu que les programmes électoraux du SPD et de la CDU étaient identiques. L'Allemagne entre dans ce club de nations où la capacité de nuisance des protestataires et radicaux bloque le jeu régulier des alternances et paralyse les politiques de long terme. Au moins, de l'autre côté du Rhin, les extrémistes de droite ont été effacés du paysage, mais le Linkspartei, coalition «antilibérale» hétér