Les maisons, c'est encore pire que les bébés, il n'en naît presque plus, même pas de quoi loger les bébés qui naissent. Ce malthusianisme ne se limite pas au logement social, notoirement déficitaire depuis longtemps, même si l'ostracisme qui frappe les populations destinées à y vivre pénalise particulièrement les projets de HLM. Comme souvent, en l'occurrence, les moins favorisés sont les victimes favorites d'une tendance générale.
Comment en est-on arrivé là ? Il n'y a pas très longtemps, le problème était plutôt d'arrêter les technocrates et promoteurs prêts à bétonner la moindre parcelle de territoire. Aujourd'hui, le problème serait plutôt de les remettre au travail. Au nom des erreurs commises et des horreurs construites, on a jeté un doute sur l'acte même de construire. Le principe de précaution devient prétexte d'inaction. La décentralisation a donné le pouvoir aux maires, qui tremblent de le perdre devant leurs électeurs, qui sont aussi de redoutables riverains. Le manque d'«espaces verts» et la survalorisation d'un «patrimoine» urbain même quelconque aggravent l'apathie immobilière. Et peuvent dériver vers un conservatisme qui n'est pas toujours réservé aux conservateurs brevetés.
Les conséquences les plus connues et les plus regrettables de cet état de chose concernent les mal-logés. Pour sensibiliser les autres à ce problème, on devrait mieux souligner un autre inconvénient de la pénurie de constructions neuves : ça contribue pour tous à la cherté du logement, à l'a