Tout le monde veut faire dada. Mot qui ne veut rien dire, choisi en pleine guerre mondiale, en 1916, par une bande de révoltés pacifistes, pour exprimer un ras-le-bol généralisé et construire une nouvelle poétique pour agir, Dada ne peut que séduire, dans un climat général où le «Non» est devenu une obsession. On oublie, dans ce nom de Dada, les acteurs et actrices, hauts en verbes, en gestes, en travestissements et en couleurs, qu'il s'agisse de Dada Zurich, Berlin, Cologne, New York, Paris ou ailleurs, brisant les normes du goût pour fabriquer des attitudes et des formes qui ont donné naissance à notre conception actuelle de l'«artiste». Et voilà qu'aujourd'hui le nom de Dada s'offre un corps, un corps énorme en plus de 1 500 pièces exposées à Beaubourg. Chez Dada Pompidou, on entre comme on sort. Il n'y a pas de salles mais des cases numérotées. Elles sont toutes pleines, saturées de documents et d'objets divers. Ouverts aux quatre coins ainsi qu'au plafond, ces cubes d'installation incitent le regard à toujours aller plus loin, dans une enfilade apparemment sans fin. On est à la fois déplacé et au bon endroit. On est tenté de rester planté là et d'aller voir à côté. La visite prend l'allure d'un zapping.
Antispectacle. La performance, nerf de la guerre des mouvements dada (danse, théâtre, marionnettes, cabaret, masques, costumes et nudités), n'est pas le fort de l'exposition. En revanche, l'écrit est omniprésent. Les 1 576 numéros répertoriés se subdivisent en trois regis