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Libération

«C'est avec les pires qu'il faut parler»

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publié le 8 novembre 2005 à 4h27

Yazid Kherfi, 47 ans, braqueur repenti, directeur de la maison des jeunes de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) de 1990 à 2000, «consultant en prévention urbaine», reproche aux hommes politiques «de n'avoir travaillé que sur les murs dans les banlieues, pas sur les gens» : «On a mis des milliards pour construire des grands ensembles, les réhabiliter et les détruire. Plutôt que de mettre le fric sur l'humain, on a repeint les ghettos.»

Animateur militant en 1991 à Mantes-la-Jolie, Yazid Kherfi canalise ceux qui font du rodéo et cassent tout après la mort de Youssef Khaïf, tué par une balle policière. Auprès des «plus durs», il suscite des «débats conflictuels», «car la violence, c'est destructeur». Avec des gens des Mureaux, il monte le Mouvement de résistance des banlieues et organise à Lyon des Assises nationales des banlieues car celles, officielles, de Banlieues 89 à Bron (lire ci-contre), ne les ont «même pas invités» : «On a réuni mille jeunes de quartiers. On a élaboré un constat et des propositions. Mais aucun ministère, aucun maire ne nous a jamais appelés.» Ces «grands frères» ont été dégoûtés, discrédités par rapport aux petits qui leur lançaient : «En une semaine d'émeutes, on obtient plus de résultats que vous !»

Yazid Kherfi ne comprend pas que les élus «ne se servent pas plus d'adultes positifs» : «Le maire de Mantes, Pierre Bédier, ne nous a même pas prêté une salle pour un débat, on l'a fait dans l'église. Il fabrique une usine à délinquants avec caméras, caserne