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Libération

«C'est à qui aura les propos les plus choquants ou l'image la plus dure»

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Banlieues. Médias. Dans les cités, les caméras fascinent les jeunes ou les révoltent.
publié le 9 novembre 2005 à 4h29
(mis à jour le 9 novembre 2005 à 4h29)

«C'est TF1 qui m'appelle !» Quartier de la Reynerie, à Toulouse, un ado déconne avec son portable. Qu'un journaliste se présente ici, et aussitôt la question fuse : «Quelle chaîne ?» Sans caméra, un journaliste n'est pas vraiment journaliste. «C'est quand même des enfants du XXIe siècle. Donc ils vivent avec la télé, c'est comme une autre personne à la maison», constate Karim, 27 ans, membre de l'association Espérance musulmane de la jeunesse française, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Le rapport à la caméra est complexe, mélange de fascination et de répulsion. «A la surenchère des jeunes correspond la surenchère des médias, poursuit Karim. C'est à qui aura les propos les plus choquants ou l'image la plus dure. C'est clair et net : le fait de montrer la violence, ça instaure la violence comme une normalité.» De fait, explique Chems, rappeur du groupe Bled Side, en banlieue lyonnaise, «les petits, ils regardent la télé et ils se disent : "Quoi ? C'est Paris qui bouge maintenant ? On va leur montrer qu'ici aussi on sait bouger." Et ils jouent eux aussi aux gendarmes et aux voleurs. Une caméra, c'est une arme. Moi, ce soir, je peux aller aux Minguettes avec une caméra et vous faire deux reportages qui diront des choses complètement opposées».

En même temps, la méfiance à l'égard de la télé est ancrée. «Surtout, ne croyez pas ce qu'ils racontent», enjoint un jeune habitant d'Evreux, évoquant les journaux télévisés. Propos tenu sans agressivité, comme une évidence. On ne cro