Après avoir assisté plus de dix jours, sidéré et impuissant, aux émeutes des banlieues, le gouvernement s'est résolu à utiliser contre les incendiaires l'arme lourde du couvre-feu. Cet état d'exception évite de dire son nom. A l'Assemblée, l'opposition a critiqué plutôt que condamné ce recours à une loi tirée du magasin aux accessoires de la guerre d'Algérie. Mais les propositions alternatives au couvre-feu n'ont pas été nombreuses. Les critiques ont préféré renvoyer le gouvernement à l'«état d'urgence social», qui est bien le fond de la question mais pour lequel il n'existe que des mesures à moyen, long ou très long terme. Les autos et les immeubles en flammes réclament, eux, une réponse immédiate.
On doit espérer que l'épidémie de violences régressera bientôt, à quoi le couvre-feu aidera peut-être, mais non sans ajouter à la «haine» et à la «rage» qui l'ont nourrie. Certaines des mesures annoncées par ailleurs sont utiles : retricoter ce que la droite avait détricoté dans les écoles ou les associations, diligenter la rurbanisation des quartiers en dérive. D'autres sont contestables, comme la fin du collège unique, glissée en douce. Mais elles ne régleront pas tout, quelles qu'elles soient. Car le passif symbolique révélé par les émeutes reste comme une plaie lancinante. Même efficace, le couvre-feu laissera une nouvelle vexation. Sinon, il montrera l'Etat nu.
Entre ses mesures d'ordre public et ses propositions de réformes à plus longue échéance, le gouvernement s'est bien g