C'était il y a dix ans : «Si ces arrêtés antimendicité se multiplient, je mobiliserai les pouvoirs publics, on ne peut pas laisser se développer cet égoïsme municipal», s'indigne Xavier Emmanuelli, tout frais secrétaire d'Etat à l'Action humanitaire d'un président Jacques Chirac élu sur le thème de la fracture sociale. En 1993, Montpellier avait ouvert le bal antimendiants, suivi par d'autres... En 1995, à Nice, le maire, Jacques Peyrat, conduit de force ses clodos dans la montagne. Des arrêtés municipaux sont annulés par les tribunaux administratifs. Mais le ballon d'essai réussi, déjà, on s'habitue. En 2002, une nouvelle vague d'arrêtés passe dans une quasi-indifférence.
Dix ans plus tard, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy fait adopter sa loi contre les mendiants. Comme dans l'ancien temps, les tribunaux jugent des vagabonds, passibles de six mois de prison pour avoir fait la manche avec un «chien dangereux», à plusieurs, ou avec un enfant. On s'habitue à ce que soient punies de prison les «réunions dans les halls d'immeubles». Aux arrestations de tapineuses, sanctionnées de six mois de prison pour «racolage passif». Et qui défilent dans les box des tribunaux sous l'oeil gêné des juges.
Vidéos, fichiers et garde à vue. Les caméras de surveillance ? On s'y est habitué aussi. Il est loin le temps où l'association «Souriez, vous êtes filmés !» faisait florès. Toujours plus fort, se profilent, en 2004, les lois «Perben 2». C'en est trop. Avocats et