Evreux (Eure) envoyé spécial
Pour la deuxième fois depuis le début de la discussion, Mehdi, jeune homme d'une vingtaine d'années, regarde l'heure sur son portable. Il est 21 h 50, jeudi. «Ah, encore dix minutes !» Le couvre-feu va entrer en vigueur à la cité de la Madeleine à Evreux. Et s'appliquer aux 18 000 résidents du quartier mineurs et majeurs , jusqu'à vendredi 5 heures. «Ceux qui habitent à l'intérieur de la cité le vivent très mal, dit Mehdi. Les gens disent qu'ils sont dans un territoire à part. Dans une zone rouge.» Plus que cinq minutes. «Je file, il faut que franchisse la frontière à temps pour aller en boîte.» Deux jeunes du quartier viennent s'enquérir de l'heure. Et pressent le pas pour rentrer chez eux, un bâtiment au fond de la cité. Une épicerie est encore ouverte. Autour, des habitants profitent des derniers instants de liberté.
Barrières. Johnny, 30 ans, descendu fumer une cigarette, affirme vouloir braver le dispositif. «Moi, j'ignore le couvre-feu, car je me dis que je ne suis pas un semeur de troubles et donc que je n'ai rien à me reprocher.» Mais à 22 heures, plus personne. Lui aussi a fini par s'éclipser. Le quartier est bouclé. Fermé par des barrières métalliques. Chaque entrée est gardée par six gendarmes mobiles pour assurer «l'étanchéité du périmètre». A l'intérieur, une compagnie de CRS patrouille à pied ou dans des fourgons. Au total, 150 hommes sur le site. Normalement, plus personne ne peut entrer ou sortir sauf «pour des raisons familiales