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Enquête

Partir pour réussir, le dilemme des habitants des cités

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Si certains d'entre eux s'estiment contraints de quitter leur quartier pour s'intégrer, d'autres assurent que l'on peut y rester ou y revenir par affection et solidarité.
publié le 12 novembre 2005 à 4h32

Cesser d'être «un parmi les autres». Sortir des statistiques qui englobent tous les habitants des cités sensibles dans le schéma de l'échec. Quitter sa cité serait donc dans la logique des choses quand on a réussi. Mais ce mouvement-là n'est pas une évidence. La cité agit encore comme un aimant même plusieurs années après l'avoir quittée. On s'en va d'un coup. On y revient et on reste en contact. On en part, mais elle nous rattrape.

Pour , 26 ans, chargée de fabrication dans l'audiovisuel, la rupture a été brutale. Il lui fallait aller dans un endroit où elle avait «le choix». «Je devais en partir parce que là-bas il n'y avait rien», dit-elle. Pas déçue d'avoir lâché Vernouillet (Eure) pour Paris. Au début, elle revenait de temps en temps dans sa cité, mais elle n'allait plus voir les gens qu'elle connaissait. «Même mes parents, qui sont âgés, on a réussi à les faire partir», raconte-t-elle. Pour elle, l'intégration n'a pas posé problème. «On s'intègre, si on a envie de s'intégrer.» Mais il faut mettre «toutes les chances de son côté». «J'avais une copine qui avait décidé de porter le voile, c'était logique : je pensais qu'elle aurait du mal.» Si ceux qui s'en sortent sont l'exception, c'est que, selon elle, les gens sont «trop aidés». Cela ne les incite pas à se remuer suffisamment. Elle regrette enfin qu'on ait parqué tous ces gens d'origine étrangère «au même endroit». Pour que ça s'améliore, il faut revoir «tout le système», prendre les problèmes, en même temps, pas un pa