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Libération
Éditorial

Bras d'honneur

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publié le 14 novembre 2005 à 4h33

Au moment où l'ONU s'apprête à organiser en Tunisie un sommet mondial sur la société de l'information, la lâche agression dont a été victime à Tunis notre envoyé spécial Christophe Boltanski vient rappeler brutalement, au cas où certains auraient pu l'oublier, dans quel pays et sous quel régime va se dérouler cette réunion. Un pays où la liberté d'expression n'existe pas, où opposants, militants des droits de l'homme et journalistes sont régulièrement victimes de brimades, d'arrestations, d'emprisonnements. Un régime dirigé d'une main de fer par un homme «élu» avec 99% des voix et quelques clans qui accaparent tous les pouvoirs et bénéficient le plus souvent d'une étonnante indulgence de la France. En Tunisie, où Libération est interdit à la vente depuis plusieurs années, Christophe Boltanski ne faisait que son travail: enquêter sur la liberté d'expression et d'information. Son agression montre crûment ce qu'il en est. Vendredi soir, il a subi le même sort que celui qu'il décrivait dans les colonnes du journal vendredi matin et qui concernait des défenseurs tunisiens des droits de l'homme : un passage à tabac en règle par des hommes en civil et à la tête rasée. Même si la police tunisienne a comme par miracle arrêté deux «suspects» dès samedi matin, le message semble clair: de l'intimidation, à la fois contre notre journaliste lui-même et, au-delà de lui, contre toute une profession, dont des centaines de représentants venus du monde entier vont débarquer à Tunis d'ici mercr