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Libération
Interview

Les rappeurs l'avaient bien dit

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Dix artistes revisitent leurs textes, souvent prémonitoires, à la lumière de l'actualité.
publié le 14 novembre 2005 à 4h33

Depuis quinze ans, les rappeurs, en majorité issus des quartiers populaires et de l'immigration, tirent, dans leurs morceaux, la sonnette d'alarme sur la situation en banlieue. Au départ simple mise en garde, le ton s'est durci au cours des années. Extraits et commentaires de textes.

Kool Shen

«Envoyez-nous des bons profs»

«Quelle chance, quelle chance d'habiter la France/ Dommage que tant de gens fassent preuve d'incompétence/ Dans l'insouciance générale les fléaux s'installent ­ normal/Dans mon quartier la violence devient un acte trop banal/ Alors va faire un tour dans les banlieues/ Regarde ta jeunesse dans les yeux toi qui commandes en haut lieu/ Mon appel est sérieux non ne prends pas ça comme un jeu/ Car les jeunes changent, voilà ce qui dérange.»

Le Monde de demain, NTM, 1991

Kool Shen, Saint-Denis (93) :

«Quand je disais aux politiques de venir en banlieue, c'était une image. A quoi ça sert de venir, si vous restez dans votre mirador ? Envoyez vos émissaires, j'espère que vous avez autre chose à foutre dans vos ministères. Sarkozy est venu à Argenteuil et vous avez vu la merde qu'il a foutue. Qu'est-ce qu'il a vu de plus que ce qu'il savait déjà ? Oui, il n'y a pas de boulot, pas d'égalité des chances à l'école, des jeunes qui traînent... Ce qu'on demandait, c'est qu'on prenne ça en considération : parce que c'est plus difficile chez nous, envoyez-nous des bons profs et des flics expérimentés. Arrêtez d'envoyer des mecs de 21 ans qui débarquent de Châtellerault. Quand PPD