Toulouse de notre correspondant
Il ne veut pas que soit décrit son sweat-shirt à capuche. Ne veut pas dire son âge. Ni son prénom. Se donne «Lulu» comme pseudo. Il doit avoir 16 ou 17 ans. «Pourquoi je casse les voitures de mes voisins ? Parce que Sarkozy ne vient pas garer la sienne ici. C'est une connerie, je sais. Mais on fait ça pour se faire entendre. On pourrait s'en prendre à la mairie ou à des monuments au centre-ville. Mais j'en ai rien à branler de la mairie : c'est ici que je veux que les choses se passent. Pour qu'on parle du quartier. Si y avait des monuments au Mirail, on ferait pas brûler les bagnoles des parents. Mais y a rien. On vaut que dalle pour personne quand on habite la Reynerie.»
Lulu raconte qu'Ahmed ramasse les poubelles malgré «tous ses diplômes». Avant d'avouer qu'il ne connaît ni vraiment Ahmed, ni la nature de ses diplômes. Il poursuit : «A la télé, ils parlent de banlieue quand ils parlent du Mirail. Mais c'est pas la banlieue ici. C'est un quartier de Toulouse. On veut pas de nous ou quoi ?» Le sentiment d'être rejeté est le plus fort. «Mon beau-frère a trouvé du travail, mais il avait quitté la Reynerie. Moi, j'ai pas le fric, je suis cuit.» Un instant d'hésitation puis : «Cette année, ce sera prison ou chômage. Je sens bien la prison.»
Les canettes de bière à l'essence sont disposées au fond des poubelles en attendant le soir. «On est comme les stratèges, nous. On sait se préparer.» S'interrompant : «Attends, là, y en a un.» Il vient de repére