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Libération
Éditorial

Collision

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publié le 16 novembre 2005 à 4h35

Il ne fait pas un temps à se tromper d'échangeur sur l'A1 avant Roissy et à laisser traîner sa Rolls dans les petites rues après s'y être perdu. C'est pourtant un peu ce qui se passe à l'Assemblée nationale. Le hasard du calendrier y fait coïncider les émeutes de banlieue et un débat où le gouvernement ne pourra pas masquer les signes extérieurs de richesse de ses amis. Toute l'enflure rhétorique de Villepin restera courte devant ce raccourci : la tension sociale monte, les impôts des plus riches baissent.

Il faut beaucoup de forfanterie pour qualifier de «réformes» ces mesures qui se gardent bien d'aborder les sujets fiscaux ardus quoique urgents ­ comme les taxes professionnelle et d'habitation ­ et qui se situent aux antipodes de la «remise à plat» qui avait un temps paru nécessaire au précédent ministre des Finances. Même si les sommes en jeu sont mieux que symboliques (un demi-milliard d'euros pour le «bouclier fiscal»), les retouches de Villepin-Breton ont un but avant tout politique. Quand ils les ont annoncées, à la rentrée, il leur importait de donner un gage au puissant lobby parlementaire opposé à l'impôt sur la fortune, après lui avoir refusé sa suppression. Il fallait aussi montrer aux classes moyennes supérieures, parmi lesquelles le gouvernement compte de nombreux électeurs, que le gouvernement pensait à elles.

Celui-ci dispose de majorités parlementaires, à l'Assemblée ou au Sénat, assez massives pour qu'il ait pu considérer la ratification de ses mesures fisca