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Libération
Éditorial

Etat policier ?

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publié le 16 novembre 2005 à 4h35

S'il y a un coupable d'«angélisme» face à la crise des banlieues, c'est Nicolas Sarkozy, bien plus que la gauche. Il faut en effet beaucoup d'aveuglement au ministre de l'Intérieur pour croire qu'une législation d'exception puisse être un remède efficace à l'explosion de rage qui a enflammé les banlieues. Ou que l'état d'urgence puisse soigner les maux du racisme, du chômage, et des injustices qui sont aux racines du malaise français. On soupçonne qu'il s'agit plutôt pour lui de se cacher derrière le bâton de la répression, pour faire oublier l'échec patent de sa politique, et l'absence béante de toute amorce (ou idée) de solution de la part du gouvernement dont il fait partie.

L'état d'urgence, quand il a été proclamé, était contestable, sinon a priori condamnable. Sa prorogation est inutile, et peut même s'avérer dangereuse. La France, a expliqué le porte-parole du gouvernement à la presse étrangère, «n'est pas en feu». Pourquoi alors cette mise en scène, disproportionnée, de guerre civile ? En quoi les forces de l'ordre auraient-elles été empêchées de maintenir (ou de rétablir) la sécurité sans l'arsenal de l'état d'urgence, alors que les violences refluent ? On flaire la manoeuvre politicienne : gonfler les biceps de l'Etat, moins pour impressionner les «casseurs», que pour rassurer un électorat inquiet et exaspéré, dont on craint qu'il ne se jette dans les bras de l'extrême-droite, et qu'on veut détourner de la gauche accusée de mollesse.

L'excès est toujours signe de fai