C'était le transfert de l'année. Supporter du Paris Saint-Germain, le président de SOS Racisme intégrait la direction du PS. Un peu comme si, meilleur joueur amateur, Malek Boutih accédait au niveau pro. C'était en mai 2003. Chemise blanche, sourire aux lèvres, il était accueilli sous les vivats du congrès de Dijon. Par la grâce de François Hollande sur pression conjointe et complice de Julien Dray et de Ségolène Royal , le jeune homme devenait secrétaire national chargé des questions de société. Un «beur» ministre du «gouvernement» socialiste. Une première dans l'histoire du parti d'Epinay. Il n'arrivait pas seul. Depuis 2003, ils sont une vingtaine de militants issus de l'immigration à être élus au conseil national. Ils devraient être encore plus nombreux à l'issue du congrès du Mans. Et Malek Boutih devrait conserver sa fonction de secrétaire national. Peut-être avec d'autres attributions.
Pourtant, depuis deux ans et demi, l'intégration de Boutih au PS n'a pas été simple. Parce qu'il a son franc-parler, loin des convenances socialistes. Tout juste arrivé, en août 2003, il a dit, devant l'université d'été du Medef, tout le bien qu'il pensait de Nicolas Sarkozy. Plus tard, comme le ministre de l'Intérieur, il a dénoncé la «caillera» («racaille» en verlan). Toujours en août 2003, devant les socialistes cette fois, il lâche : «Le beur qui gagne 6 500 francs par mois se croit toujours supérieur aux bougnoules qui gagnent moins.» En août, à l'université d'été de La Rochelle,