Washington de notre correspondant
Le débat de l'automne, aux Etats-Unis, a quelque chose de surprenant. La plus puissante démocratie du monde se demande s'il existe une forme de torture acceptable. On soupèse la question dans les «think tanks» (centres de recherche), on s'enflamme dans les pages «Opinion» des journaux, on parlemente au Congrès et on sonde l'opinion : selon l'hebdomadaire Newsweek, 62 % des Américains pensent que la torture est «souvent», «parfois» ou seulement «rarement» justifiée. Contre 33 % qui estiment qu'elle ne l'est «jamais».
«Waterboarding». Il ne s'agit pas dans ce débat de doigts écrasés ou d'oreilles coupées, mais de ce que la presse appelle les «techniques renforcées», ou «torture light» : celle qui ne cause pas de dommages physiques importants. Priver de sommeil un détenu, par exemple, ou lui fournir une alimentation malsaine, le coiffer d'une cagoule malodorante, le laisser nu dans une pièce froide et obscure plusieurs heures, l'humilier. Ou encore plus rarement recourir au «waterboarding» comme on dit à la CIA : on asperge d'eau le nez et la bouche du détenu, pour lui faire croire qu'on va le noyer, jusqu'à ce qu'il parle. Autant de techniques qui ont été utilisées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, à la prison de Guantanamo ou dans des lieux de détention secrets de la CIA. Des abus qui peuvent aller loin : la CIA serait impliquée dans la mort de quatre détenus, selon le New Yorker.
Le mois dernier, le sénateur (républicain) de l