La France est une nation multiraciale. Sa République assure à tous ses citoyens la Liberté. Mais elle peine à empêcher que, à l'encontre de l'Egalité promise, certains soient plus égaux que d'autres en raison de leurs origines. Et la Fraternité qu'elle exalte se brise sur le rempart de la couleur de la peau. Il faut donc applaudir le civisme des Français noirs qui veulent mettre au coeur du débat politique la «question noire». Le premier pas vers une réponse à cette question est de reconnaître qu'elle existe.
Les Français noirs sont victimes d'un racisme fondé sur l'ignorance et les préjugés collectifs ancrés dans le passé du «temps béni des colonies». Dans la rage des jeunes Français noirs des banlieues, la question sociale (chômage, pauvreté, sous-éducation) s'exacerbe d'une question clairement raciale. La discrimination et l'exclusion vécues en 2005 font écho, fût-ce de manière confuse et déformée, à celle de 1685 et du Code noir auquel furent soumis les esclaves.
Peut-il y avoir une réponse raciale à la question sociale, par une forme ou une autre de discrimination positive ? La réponse est loin d'être évidente au regard des expériences américaine ou britannique, mais le débat est ouvert et doit être mené sans tabou ni complaisance.
Peut-il y avoir un traitement social du mal racial ? Sans doute. Mais s'il est nécessaire, il est insuffisant. Il faut aussi, pour exorciser la tentation communautariste, s'employer à ce qu'émerge une identité française fondée sur ce que l'histo