L'année 2005 restera comme une année «noire». Mais qui a donné le la ? L'humoriste Dieudonné, avec ses prises de position extrêmes, a sans doute contribué à porter la question noire sur la place publique. Il a dénoncé un peu partout l'oubli du passé esclavagiste de la France, dont on ne parle pas assez, selon lui, dans les livres d'histoire. Mais ne s'est pas contenté de pointer cette amnésie. Par ses diatribes plus qu'ambiguës, il a mis en concurrence les mémoires des traites négrières avec celles de la Shoah, contribuant à brouiller les cartes, à pourrir le débat et à le rendre inaudible. Après Dieudonné, difficile de l'aborder de manière apaisée.
«Invisibilité.» Pourtant, des politiques n'avaient pas attendu ses interventions pour prendre position. Comme la députée Christiane Taubira, artisane de la loi de 2001 qui qualifie la traite des Noirs de crime contre l'humanité. D'autres ont labouré le terrain. Des intellectuels, des historiens surtout, travaillant de façon plus pacifiée, intelligente et moins médiatisée que l'humoriste. La question de l'«invisibilité» des Noirs en France a été discutée lors d'une réunion en février à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). On y a parlé, avec émotion, de leur absence de la représentation politique. On y a détaillé, âprement, le déficit des travaux universitaires sur le passé esclavagiste et colonialiste de la France.
Ces questions trouvent un débouché concret ce samedi, avec la constitution d'une fédération qui re