L'auteur le dit lui-même dans l'avant-propos de sa première pièce de théâtre, Julien le fidèle ou le dernier des démons, parue en septembre (1) : «L'exploit avant-gardiste n'étant pas dans nos cordes, on a plutôt rêvé à un exploit d'huissier. Avec des recettes plus ou moins éprouvées : monologues, repères chronologiques, revenants, pathos, bons mots et moins bons.»
Vieille recette. De fait, le récit des malheurs de l'empereur romain qui abandonna la religion chrétienne pour rétablir le paganisme se lit plus comme une injonction à déguerpir que comme une curiosité dramatique. Mais Régis Debray aimant semer dans son texte les bâtons pour se faire battre «le théâtre répugne aux idées», écrit-il dans sa préface, alors qu'il ne fait que ressortir la très vieille recette du théâtre d'histoire à thèse , on se gardera de lui faire trop plaisir. Et on se contentera de citer, à l'intention des metteurs en scène que l'aventure tenterait, l'une de ses indications scéniques : «Sonnerie de buccins. Julien de dos, en haut des rostres, face à des aigles et autres enseignes dressées au-dessus de ce qu'on devine être une houle de centurions. On entendra tantôt des murmures désapprobateurs, tantôt le cliquetis des boucliers sur les genouillères signe d'applaudissement dans la troupe romaine. Un peu à l'écart, une femme seule et voilée, comme un long reproche.» Un très long reproche.
Visiblement, le théâtre titille le philosophe. Cet été, il est retourné à Avignon (invité par le festival) po