Tel-Aviv envoyé spécial
Le Likoud a des tripes et le sang chaud. Populaire, le grand parti de la droite israélienne plonge ses racines dans un électorat aux nerfs à fleur de peau, recrute des militants aux moeurs de supporters qui ont du mal à ne pas cracher leur rage face à la scission la plus grave dans l'histoire du mouvement : la semaine dernière, pour sa première réunion depuis la défection d'Ariel Sharon, fondateur du parti en 1973 et Premier ministre, le comité central a fait les comptes. Mais pour ses militants, les comptes se règlent plus qu'ils ne se calculent. «Abandon !», hurlent à l'encontre de Sharon ceux qui tentent d'exorciser le départ d'un chef suivi avec ferveur jusqu'à ces jours derniers. «Catastrophe !», ripostent les fidèles du Premier ministre, qui dénoncent la «campagne de harcèlement» menée par les idéologues du parti opposés au retrait de Gaza, pour pousser «Arik» à «quitter la maison».
«Le Likoud avait perdu son âme».
Jusque dans leurs répliques les plus bravaches, tous laissent transparaître un désarroi réel. «On a déjà oublié qui était Sharon !», crâne un activiste qui distribue un tract intitulé : «Arrête de pleurer, vote pour Uzi Landau», pilier de la droite israélienne et un des candidats à la succession. «Notre faiblesse est conjoncturelle, dit Landau, mais le Likoud a tout à y gagner. Il va retrouver son chemin, redevenir un parti fort avec un idéal, du pragmatisme et pas de corruption. Un authentique parti de droite libérale.» Même son de cloc