Faut-il voir en Ariel Sharon un émule de Charles de Gaulle ? Un général charismatique et impérieux, avant tout nationaliste, mais capable de séduire son peuple par des accents populaires, voire populistes ? Et qui, fort de son aura de guerrier, pourrait diriger son peuple sur la voie de la paix pour sortir d'un conflit sanglant et sans issue, au prix de concessions dont on l'avait cru incapable ? Un animal politique qui plus est, dont la seule popularité personnelle sert de ciment à un nouveau parti dominant un paysage politique israélien brutalement recomposé de fond en comble. Y aura-t-il un sharonisme comme il y a un gaullisme en France ?
Il est bien trop tôt pour en juger. Quatre mois sont en politique une éternité, et au Proche-Orient plus que partout ailleurs. Si le Premier ministre israélien a baptisé son nouveau parti «En avant» (Kadima en hébreu), il n'a pas répondu à la question décisive : en avant, vers où ? Il veut isoler ses adversaires de la droite ultra et mordre sur l'électorat centriste et travailliste pour avoir les mains libres sur la question palestinienne. Mais est-ce pour imposer aux Palestiniens de manière unilatérale une séparation symbolisée par le mur, qui ne leur laisserait qu'une poussière de cantons sans viabilité économique ni politique et blinderait la porte contre tout compromis sur Jérusalem et les colonies juives implantées dans les territoires palestiniens ? Ou veut-il reprendre les négociations suivant la «feuille de route», pour aller vers