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Libération

A charge contre Kagame, à décharge pour la France

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Le livre fait de l'actuel président rwandais le vrai responsable du génocide.
publié le 29 novembre 2005 à 4h42
(mis à jour le 29 novembre 2005 à 4h42)

Dans Noires fureurs, blancs menteurs, Pierre Péan n'ambitionne pas moins que présenter une nouvelle histoire du génocide rwandais, une histoire qu'il fait débuter en 1990 et non le soir du 6 avril 1994. Décryptage des quatre principaux points de la démonstration de Péan.

L'attentat du 6 avril 1994 et l'absolution des extrémistes hutus

Péan se fonde sur son enquête personnelle et sur les conclusions de l'instruction menée par le juge Jean-Louis Bruguière pour affirmer, avec certitude, que le Falcon 50 transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais a été abattu par des hommes du Front patriotique rwandais (FPR).

Mais cette hypothèse est largement fondée sur le témoignage d'Abdul Ruzibiza (1), un ancien soldat du FPR qui aurait fait partie du commando Network ayant abattu l'avion. Kigali conteste à Ruzibiza, aujourd'hui réfugié en Norvège, toute légitimité, l'accusant d'être un sous-fifre qui exagère son rôle. D'autres remettent en cause l'authenticité des tubes lance-missiles trouvés sur place et incriminent les réseaux extrémistes hutus dans l'attentat.

La responsabilité de Paul Kagame dans l'attentat du 6 avril est certes possible, voire vraisemblable. Là où la thèse de Péan devient contestable, c'est dans sa volonté d'absoudre, par là même, le régime Habyarimana du génocide. Comme si, avant l'étincelle, il n'avait pas fallu toute une préparation : formation de milices, mise en place de listes de Tutsis et d'opposants hutus à éliminer, propagande conditionnant la population, achats d'armement, de machettes,