Jean-Pierre Bibring est professeur à l'université d'Orsay. Planétologue, il participe à de nombreuses missions spatiales, dont Mars Express et Rosetta, qui doit rejoindre la comète Churyumov-Guérassimenko en 2014.
Petit à petit, les mystères martiens se dissipent. S'approche-t-on d'une planétologie comparée, qui expliquerait les destins si différents des planètes du système solaire ?
L'exploration spatiale du système solaire a conduit les scientifiques à une vision dialectique de son évolution. D'abord, nous avons découvert l'unité d'origine profonde du Soleil, des planètes et des petits corps, et daté leur formation concomitante, il y a 4,56 milliards d'années, essentiellement à partir d'un même matériau. Avec la première image de la Terre comme une boule flottant dans l'espace prise par les astronautes d'Apollo en 1968, notre berceau nous est apparu comme une planète parmi d'autres planètes, ce qui a banalisé son statut. Cette banalisation explique la focalisation de missions spatiales sur la recherche de la vie : puisque la Terre ne nous semblait pas si différente que cela des autres planètes, la vie pouvait donc être une sorte de propriété générique de l'Univers.
Ensuite, au fur et à mesure que nos engins sont allés étudier la Lune, Mars, Vénus, puis les systèmes jovien (de Jupiter) et saturnien, les comètes et les astéroïdes, c'est à l'inverse l'extraordinaire diversité planétaire qui s'est imposée. D'où une double interrogation. L'une purement scientifique : comment expli