Quelles réformes tirer de l'affaire d'Outreau ? Ce fiasco va-t-il faire repartir le débat sur la responsabilité des magistrats ? Avant tout, il faut déjà radiographier cette affaire en profondeur, et ne pas se contenter de lyncher le juge d'instruction, répondent les milieux judiciaires. «C'est un crash judiciaire, il faut se poser la question du pilote, mais aussi des contrôleurs de navigation et de l'état de l'appareil», résume Dominique Barella, le président de l'Union syndicale des magistrats (USM). Même réaction de Valéry Turcey, membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) : «Je suis surpris de voir que l'on fait le procès d'un seul homme. L'ensemble des acteurs de la cour d'appel de Douai a connu cette affaire.» Et de rappeler que le juge Burgaud n'a placé personne en détention, puisque ce n'était pas de sa compétence. «C'est l'ensemble de l'institution qui a dérapé par glissements successifs», dit-il.
Ambiance. Mais il s'agit aussi de s'interroger plus largement sur l'enquête policière, le rôle des experts, des services sociaux... Et de se souvenir de l'ambiance de l'époque. «Quand l'affaire a débuté, la justice ne se voyait pas reprocher de mettre trop de gens en prison. On lui reprochait de n'être pas allée au bout du démantèlement du réseau de notables», rappelle Valéry Turcey. Pour Denis Salas, de l'Institut des hautes études sur la justice, Outreau c'est la rencontre entre un contexte (affaire Dutroux, grande sensibilité aux affaires de pédophilie) et le