Pékin de notre correspondant
Les dirigeants chinois sont devenus de grands voyageurs. Alors que le Premier ministre, Wen Jiabao, est arrivé hier en visite officielle en France, première étape d'une grande tournée européenne, le président Hu Jintao, qui en deux ans au pouvoir s'est rendu sur tous les continents, vient de boucler un long voyage en Asie. Cette frénésie est bien sûr l'illustration du poids économique et politique croissant de l'Empire du milieu. C'est aussi la conséquence d'une priorité chinoise : garantir l'approvisionnement en énergie et en matières premières d'un pays qui, même s'il a la taille d'un empire, est de plus en plus dépendant du monde extérieur pour alimenter une machine économique lancée à pleine vitesse.
Ce besoin énergétique pousse Pékin à protéger des Etats au centre des tensions internationales, comme le Soudan ou l'Iran, parce qu'ils sont importants pour son approvisionnement. Dans une certaine mesure, le voyage de Wen Jiabao en France n'échappe pas à cette logique : au-delà de l'inévitable gros contrat avec Airbus, il comporte un volet nucléaire qui intéresse au plus haut niveau le Français Areva.
Fragilisée. La stratégie chinoise part d'une donnée simple : ce pays aux 9 % de croissance est devenu importateur net de pétrole et de beaucoup d'autres matières premières et prend de plein fouet la hausse vertigineuse du prix de ces denrées. La nécessité de garantir son approvisionnement énergétique a ainsi pris l'allure d'une «obsession nationale»,