Sarkozy, victime de la droitisation de la droite. Le paradoxe pourrait préfigurer le climat de la prochaine présidentielle que le ministre de l'Intérieur espère gagner en surjouant le sécuritaire, mais qu'il risque de perdre à trop ignorer l'exigence égalitaire. A l'orée de la présidentielle de 1988, un candidat déjà n'avait pu visiter les Antilles à cause du comité d'accueil que lui réservaient les îliens : Le Pen. Sarkozy n'en est pas là. Mais il est exceptionnel qu'un ministre annule un déplacement à cause de manifestations. L'intéressé peut feindre n'y être pour rien. Prétendre sans conséquences à l'emploi du mot «racaille» dans les banlieues. Ou se dire victime des «malentendus» liés à ce fameux article 4 de la loi du 23 février 2005 qui fâche historiens, Algériens, Antillais et tous ceux qui n'ont pas de la colonisation une vision «positive». Mais le chef de l'UMP ne trompera personne à se désolidariser du vote de députés qu'il n'a jamais dénoncés. Parce qu'il est leur chef, il personnifie leurs dérives. En voulant satisfaire les rapatriés, la droite a choqué les Antillais. Belle démonstration de sa politique clientéliste qui vise à séduire des communautés plus qu'à réparer les maux du modèle français d'intégration. L'épisode laissera des traces. Il n'est jamais bon d'avoir les symboles contre soi. Surtout quand il s'appelle Aimé Césaire, le poète de la «négritude», l'homme qui a rappelé à la société martiniquaise ses origines, cette «traite des Noirs» dont «personne n
Éditorial
Faute lourde
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publié le 8 décembre 2005 à 4h51
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