Les prévisionnistes ne lisent pas dans le marc de café mais dans nos petites habitudes quotidiennes. La plus forte probabilité reste que nous suivions doucement notre pente naturelle. Les experts du Plan ont donc dessiné l'avenir qui nous attend à l'horizon d'une décennie, excluant par méthode tout sursaut et toute catastrophe. Cet avenir ressemblerait donc à notre présent, ni noir ni rose. L'adieu à la production de biens matériels, en pleine terre ou en usine, se poursuivra implacablement, la production résiduelle requérant de moins en moins de bras. Les emplois à forte valeur intellectuelle ajoutée continueront à gagner en importance. Ce sera le règne de l'urbain professionnel, pas très «young» pour cause de vieillissement de la population. Pour les autres, il restera l'eldorado maigrichon des «services à la personne». Le problème sera de trouver des candidats à ces emplois que leur réputation ancillaire continue de dévaloriser aux yeux de beaucoup de ceux qui semblent destinés à les occuper en raison de leur absence de qualification professionnelle.
En pariant sur un chômage en très lente décroissance due aux nombreux départs à la retraite, les économètres du Plan tirent la leçon de la durable préférence française pour le chômage. Dans un monde moins méchant que le nôtre, c'est-à-dire dans un monde où le Premier ministre ne mettrait pas au rencart les services... du Plan, on prendrait au sérieux ces anticipations pour ménager une requalification des services à la personne