Denis Pelletier est directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE), spécialiste d'histoire contemporaine des religions, codirecteur du livre les Catholiques dans la République (éditions de l'Atelier, 2005).
Avez-vous le sentiment que la célébration du centenaire de la loi de 1905 passionne les foules ?
Des centaines de colloques, de manifestations et de débats sont organisés à travers la France. La mobilisation de la société civile est donc forte. Elle contraste avec la faiblesse des interventions de la part de la classe politique, comme si la question de la laïcité était aujourd'hui gênante, trop difficile ou trop dangereuse à traiter sur le fond. Je regrette qu'on réduise l'actualité de la loi de 1905 à la question de la «compatibilité» entre islam et laïcité. L'amalgame entre la crise des banlieues, l'islam et les difficultés de la laïcité est inexact et dangereux. Nouveau venu sur le terrain de la confrontation entre politique et religieux, l'islam pose certainement des problèmes à l'équilibre laïc qui s'est construit sans lui. Mais la manière dont on l'instrumentalise permet de faire l'impasse sur des difficultés dont il est peut-être un révélateur, mais certainement pas la cause.
Dans quel contexte la loi de 1905 est-elle née ?
Cette loi fait suite à la mise en place de l'école républicaine, à l'affaire Dreyfus, à la loi de 1901 qui a permis la naissance des partis, des syndicats, mais aussi des universités populaires et des associations citoyennes. On peut